Éduquer son chien : le regard des autres, les critiques et jugements
Adopter un chien de refuge déjà âgé demande beaucoup de patience. Il faut le rééduquer et mesurer ses attentes. Si nous avons fait un beau geste, ce n’est pas un chien clef en main que nous avons. Mais, bien souvent, ce n’est pas l’éducation de son chien le plus difficile. C’est le regard des autres, les jugements faciles et les donneurs de leçons.
Éducation canine : les donneurs de leçon
Je vais vous raconter ce qu’il m’est arrivé il y a peu. Avant, il faut tout de même que je vous recontextualise certaines choses.
Alphy est un chien de refuge adopté en Espagne à l’âge de 6 ans. Peu de temps après son arrivée, il dévoile de nombreux problèmes de comportement : hyperattachement, agressivité envers ses congénères, aboie sur tout et n’importe quoi, etc. Pour l’apaiser (et nous soulager), il a vu de nombreux éducateurs canins et est suivi par un vétérinaire-comportementaliste. Voilà, pour les grosses lignes.
La rencontre avec un chien seul
Ensemble (Alphy, mon conjoint et moi-même), nous nous rendons au parc. Dans ce parc, les chiens sont autorisés seulement en laisse. À vrai dire, pour nous, ça ne change pas grand-chose. Alphy est toujours en laisse, il peut être dangereux pour lui et les autres (Il fonce sur les voitures, il n’aime pas trop les enfants, il est 1 fois sur 2 agressif envers les chiens et n’a pas de rappel).
Nous voyons une dame et un chien détaché qui commence à s’approcher de nous. Notre chien commence à aboyer. C’était sûr. Le chien détaché s’approche de nous et nous sommes obligés d’essayer de l’éviter, car sa maîtresse ne fait rien pour le rappeler. Nous finissons par le semer.
Là, nous voyons un petit Westie avec un harnais, mais détaché. Nous regardons autour de nous (le parc permet un grand champ de vision) : personne. Le petit chien est intrigué par le nôtre, nous les laissons se sentir. Nous sommes toujours plus en confiance quand ce sont deux chiens de la même taille, car connaissant le caractère du nôtre, un plus gros chien aurait vite fait de lui faire du mal en le remettant en place.
Ça ne loupe pas, Alphy au début calme finit par sauter sur le chien. Il fait toujours ça, nous avons l’habitude, il ne mord jamais, mais veut montrer qui est le plus fort. Nous les séparons. Puis, nous continuons notre route.
Au bord de la rivière
Tout se passe bien, Alphy profite de sa semi-liberté avec notre longe et nous décidons d’aller près de la rivière pour qu’il puisse se baigner.
Nous retrouvons le petit chien blanc à côté de la rivière. Ni une ni deux, je dis à mon conjoint de le prendre en photo, car je commence sérieusement à m’inquiéter pour lui. Personne dans les environs, il y a beaucoup de courant à côté de la rivière : un accident est vite arrivé. Notre chien veut de nouveau le renifler. Nous retentons l’expérience. Un autre échec, il lui saute à nouveau dessus.
Puis, nous entendons une femme à l’autre bout, en terrasse, rappeler son chien l’air de rien. Nous nous rendons compte que c’est la même dame qui avait le chien détaché et qui ne l’avait pas rappelé. En fait, elle a deux chiens. Je dis à mon conjoint que je ne comprendrais jamais comment on peut, sous prétexte que l’on peut détacher son chien, ne pas le surveiller. Bref, nous continuons notre route.
Éduquer son chien et faire face aux critiques
Nous continuons à nous balader dans le parc, quand nous nous apercevons que cette même femme avec le Westie et un autre chien croisé est quelques mètres derrière nous. Ayant cerné la dame (elle ne rappelle jamais ses chiens), je dis à mon conjoint d’accélérer. D’autant que notre chien commence à être agressif, à tirer en arrière comme un fou, toutes dents dehors.
À mesure que nous accélérons, nous voyons que cette dame aussi. Nous ne comprenons pas bien. Elle voit que notre chien n’est pas à l’aise en leur présence, que nous sommes obligés de le tirer pour qu’il avance et elle nous suit. À savoir que c’est un parc immense, avec plein d’autres chemins qui mènent au même endroit.
Nous accélérons encore pour éviter une mauvaise rencontre et sommes contraints de tirer de plus en plus notre chien qui ne veut rien entendre.
Là, la dame accélère encore plus puis nous interpelle. Elle nous dit : “Et si vous le détachiez aussi !” d’un air culpabilisateur. Pas de bonjour, rien. Une simple critique gratuite. Du tac-au-tac, mon conjoint grossit la chose et lui répond : “On le détache pas parce qu’il veut bouffer vos chiens !”.
Et là, cette dame ose dire ce qu’il ne fallait surtout pas : “Vous avez vu comme vous le tirez comme une merde !”. Il faut savoir que c’est une personne âgée, qui nous a suivi pendant 5 bonnes minutes alors qu’elle voyait qu’on essayait de la fuir et que notre chien était très mal-à-l’aise en sa présence. Et elle ose tenir ce genre de propos. Je démarre au quart de tour et lui dit que quand on ne connait pas, on ne juge pas. L’échange s’arrête là, tout le monde tourne des talons.
À noter que s’il y a une personne en tort, c’est bien elle. Elle voit que nous ne voulons pas de contact et elle force tout de même. Elle voit également que notre chien ne veut pas voir ses chiens. De plus, elle nous reproche de ne pas détacher notre chien dans un lieu où c’est interdit.
Le plus dur dans l’éducation d’un chien, ce sont les autres
Bien entendu, que si nous avions pu faire autrement, nous n’aurions pas tiré notre chien. Est-ce que ça nous amuse de voir que notre chien aboie sans arrêt sur d’autres, toutes dents dehors ? Absolument pas. Pourtant, dans ce contexte, porter son chien pour avancer ne résout rien. Si celui-ci ne répond pas à l’appel de la friandise, que faisons-nous ? Nous le tirons. Pas le choix.
Avec tous les efforts, tout le budget que nous investissons dans notre chien, se faire cracher à la figure ce genre de remarques, ça ne passe absolument pas. Dans la vie, il y a peu de choses qui me touchent, mais mon chien oui. Cela m’a pourri tout mon week-end.
Puis je pense aux personnes qui ne s’en sortent pas avec leur animal malgré leurs efforts, qui se prennent des réflexions. Je pense aux personnes qui abandonnent leurs animaux, car le regard des autres est trop pesant (même si je n’excuse en rien cet acte). Également à ceux qui à force qu’on leur mette la pression finissent par détacher leurs chiens et les perdent. Je pense à tout ça.
L’éducation d’un chien, c’est difficile. La rééducation d’un chien âgé tourmenté l’est encore plus. Mais finalement, ce qui est le plus éprouvant dans tout ça, ce sont les donneurs de leçon qui croient avoir un quelconque droit de jugement sur votre façon de faire.
Je sais que nous sommes beaucoup à essayer de nous faire petits malgré que notre animal nous fasse H24 remarqué. Que nous essayions de déranger le moins possible, de respecter et de penser aux autres à chaque acte que nous faisons. Que chaque jour est un nouveau défi, pour tenter d’améliorer l’éducation de notre animal. Je sais aussi que la moindre remarque déplacée peut ruiner tout notre moral. Alors, même si c’est plus facile à dire qu’à faire, ne nous laissons plus faire par ces personnes qui à notre place auraient abandonné 10x à la moindre difficulté. Le plus important, c’est que votre chien sait tout l’amour que vous lui portez. Ce que les autres pensent savoir, on s’en fiche.